Une soirée de printemps au Louvre
Ce mercredi 24 avril, un vent de veine me poussa au musée du
Louvre où devait se dérouler le vernissage de l’exposition de Michelangelo
Pistoletto ; les élèves de MàNAA n’étaient pas sûrs de pouvoir y entrer.
Malgré cela, je réussis à me procurer la plaquette de
l’exposition et m’attelai à la recherche du lieu où était le vernissage sans
recevoir beaucoup d’aide du personnel du Louvre.
[ plaquette et plan de l'exposition en pdf à télécharger > ici ]
Après avoir fait choux blanc à Sully, je suivis alors des
porteurs de cartons pour aller voir Marly et attendre près des étoiles que
l’homme au chapeau arrive avec sa foule d’acolytes. Ceci fait, j’eus la chance
d’être aux premières loges avec les invités de marque pour entendre les
commentaires de M. Pistoletto et sa femme sur l’Obelisco e terzo paradiso. Et c’est en en faisant le tour, que nous
nous rendîmes compte d’être vraiment intégrés dans l’œuvre, dans le temps…
Puis s’en est suivi un relais marathon derrière Maria
Pistoletto qui le ponctuait de multiples pauses devant les œuvres de l’artiste.
Pendant ces interludes, le couple explicitait la position des œuvres et donnait
quelques anecdotes ou informations, comme pour la Mappemonde qui fut roulée dans les rue d’Italie en
1966 et qui le sera de nouveau dans celles de Paris le 18 mai prochain. Cette
sculpture de marche est une image du présent en mouvement dans l’histoire qui
roule vers l’avenir tout en subissant toujours la gravité de la terre.
Pistoletto nous expliqua ensuite sa théorie dans la salle des
Sept-cheminées autour du temps du
jugement avec sa volonté implacable de prise de conscience des populations
et des religions. Puis, le cortège épars continua son périple effréné vers le
Louvre médiéval. Et sur ce chemin, je croisai Giusy Ragosa à la mine radieuse
qui demandait des nouvelles de notre classe en passant le bonjour à celle-ci au
détour de Deux femmes nues dansant.
Arrivés dans la salle de la maquette nous découvrîmes les derniers
tableaux miroirs de Pistoletto, nouvelle étape de l’artiste vers la Renaissance. Maria
Pistoletto nous expliqua alors la volonté de son mari de voir encore plus loin
en nous même, ce qu’il y a derrière le miroir : ce fut sa motivation pour
briser les miroirs et vaincre les superstitions afin d’unir encore une fois
notre présent reflet témoin d’un passé et le futur au-delà du miroir en brisant
ceux-ci et jouant avec les pleins et les vides obtenus par leurs découpes.
Sur cette voie d’expérimentation, l’artiste en vint même à
détruire à la masse son mètre cube
d’infini juste avant le vernissage de l’exposition, acte très inattendu,
imprévu et fort en sens qui nécessita, pour l’anecdote, l’achat d’une grosse
masse en urgence dans un magasin de bricolage alentour pour satisfaire la
volonté soudaine de l’homme au chapeau.
Nous repartîmes ensuite dans les fossés de l’entresol mais je
ne pus me retrouver en compagnie du couple Pistoletto pour bénéficier d’informations
complémentaires sur les installations lumineuses Love Différence et les écrans miroirs illusoires qui nous incluaient
dans les fondations du troisième paradis de l’artiste.
Néanmoins, j’eus le privilège d’être en compagnie des directeurs de la maison d’édition d’actes
sud (Françoise Nyssen et Jean-Paul Capitani) qui me racontèrent un événement fortuit survenu lors du
stockage du mètre cube dans leurs locaux il y a une dizaine d’années : une
mouche s’était engouffrée dans le cube au moment de refermer celui-ci en posant
la sixième paroi de miroir ! Ce moment était magique me racontèrent-ils et
les marqueraient pour toujours : voir une mouche avec ses yeux aux milles
facettes s’engouffrer dans un infini abyssal…
Et nous arrivâmes alors au terme de cette découverte des
œuvres exposée de Pistoletto menée par sa compagne. Maria Pistoletto nous
proposa de nous faire entrer gratuitement à l’exposition temporaire sur l’art
allemand du début du 19ème siècle à la seconde guerre mondiale que
M. Capitani me recommandait. C’est ainsi que j’ai pu profiter de la découverte
des œuvres de Adrian Ludwig Richter à Jakob Steinhardt et Max Beckmann en
passant bien entendu par Caspar David Friedrich qui nous conseillait de voir
avec l’œil de l’esprit.
Le tour de cette belle exposition effectué, je repartis sous
la pyramide en compagnie des Arlésiens. Mais dus les quitter pour retourner
voir l’artiste, le vernissage officiel n’étant pas encore fini. Alors, je rejoignis
l’aile Richelieu où l’artiste devait être, et aperçus alors nos chères
professeures d’expression plastique quelque peu impressionnées par la proximité
d’il maestro qui était assis sur les
marches devant son œuvre. Et c’est ainsi qu’après la recherche de stylos et une
préparation de supports, nous rejoignîmes l’Homme au chapeau dans l’espoir de
lui parler et de recueillir une épître, pour recevoir au final trois dédicaces
ponctuées de petits croquis.
Ceci dit, l’artiste nous a tout de même reconnus après que
l’on se soit présenté et nous a répondu « La MàNAA... oui,
vous êtes dans le catalogue … »
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Nous remercions Denis pour cet article.
L'exposition se tient jusqu'au 2 septembre 2013 au Louvre, et la publication du catalogue ne saurait tarder.
Pour plus d'informations sur le catalogue dans lequel est présenté le projet POSTère de la MàNAA, cliquez ici !